Que retiendra la Haute-Marne de cette 48e semaine de l’année ? La réouverture des commerces peut-être ? En attendant le Sésame, mon libraire avait mis en place un dispositif qui lui permettait de servir ses clients. C’est ainsi que j’ai pris possession sans engraisser Amazon du dernier Mathias Enard : Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs. Un thésard parisien échoue dans le Poitou et y découvre la ruralité profonde. Vous remplacez Poitou par Haute-Marne et vous y êtes. Nous y sommes. C’est jubilatoire.
Dans un autre registre, pas si éloigné, un ami chaumontais cherche à recruter un collaborateur ; il publie une annonce. Jamais, au grand jamais, il n’avait reçu en retour autant de candidatures crédibles de… Parisiens. Un ras de marée. C’est donc vrai : les cadres de la capitale veulent s’installer à la campagne. Paris nous envoie un signal faible qui, mine de rien, pourrait changer beaucoup de choses en Haute-Marne.
Votre plumitif laborieux astreint à chronique s’est trouvé incroyablement privilégié, mercredi soir, hôte choyé du Conseil de l’Ordre des médecins (JHM du 28 novembre). Ils avaient invité des infirmières libérales et tous ont ainsi évoqué leur vécu de soignants de terrain confrontés au virus. Chacune, chacun, racontait. Tous les autres écoutaient. Chacun renvoyait aux autres un miroir, rendu tremblant par l’émoi, de choses tues.
A la fin, le Dr Dupont, oncologue, qui s’y connaît un petit peu en émotions retenues, a souhaité à tous les soignants de Haute-Marne, quels qu’ils soient, de conserver toujours «l’élan du cœur sans lequel rien de grand ne se fait ».
Dans les Ehpad, au sein des cabinets de ville, sur les routes, à l’hôpital, en ce novembre finissant, ils sont épuisés, vidés. Ils doutent de leur job, de leurs forces, de l’avenir. Cependant, ils ont réalisé de grandes choses, depuis des mois, dans l’élan de leur cœur. On sait gré au Dr Dupont, retraité dans une poignée de jours, de nous le rappeler.
JHM du 29 novembre 2020