Il n’est pas certain que le chauve sourie

Que retiendra la Haute-Marne de cette 27e semaine de l’année ? Que la chenille processionnaire (JHM du 5 juillet) rejoint dans le bestiaire de cette affligeante chronique l’alouette Lulu de Chaumont et le grand murin bragard, chiroptère de son état.

Le chauve – votre serviteur – a souri en arrivant au job dating organisé au Signe à Chaumont pour les bac + 2 (JHM du 3 juillet). Depuis des années, lorsque des demandeurs d’emploi prennent rendez-vous avec des employeurs potentiels, les premiers se mettent sur leur 31. Costume sobre ou maquillage travaillé entrent dans le jeu de séduction. Mais là, je vous jure, le bon goût n’avait pas choisi son camp. Jamais je n’avais vu chez les employeurs autant… d’employeuses rivalisant d’élégance ; dans le sud Haute-Marne, d’évidence désormais, les patrons s’emploient à séduire leurs futurs salariés. «Le recrutement n’est plus un problème, c’est une catastrophe» a confié l’autre jour le président de la CCI à le Préfète. Le mieux restant l’ennemi du bien, il n’est pas certain qu’il nous faille nous réjouir de cette forme de plein emploi…

Le profond désarroi des agriculteurs (JHM du 3 juillet) s’est exprimé maladroitement : ils ont garé devant les grilles de la préfecture une énorme moissonneuse rutilante. Forcément, les Chaumontais pensent très fort : « s’il a les moyens d’acheter ça… ». Les passants ignoraient que l’énorme machine est partagée par dix exploitations et bien davantage de foyers. Là réside un peu le problème de notre agriculture : une juste et belle cause pas toujours bien défendue. Et pourtant ! Quelle profession a dû autant s’adapter ces cent dernières années ? Quelle profession a autant vu fondre ses effectifs ? Quelle profession a dû autant améliorer son efficacité ? Quelle profession a été aussi injustement décriée (à part journaliste) ? Celle qui, paradoxalement, nourrit toutes les autres.

Justement, sur ce point : plumitif laborieux astreint à deux repas par jour, je suggère que tous les Haut-Marnais privilégient SYSTÉMATIQUEMENT les produits made in par ici*. Quitte à manger peut-être un peu moins de viande hormonée ; quitte à servir un peu moins de fruits et légumes vernis au glyphosate. Les agriculteurs haut-marnais sont responsables. Leurs pratiques sont raisonnées. Alors justement, donnons-leur raison. Car il n’est pas certain qu’il nous faille nous réjouir de leur désarroi.

* Le Panier Champennois ouvre en septembre à Saint-Dizier

JHM du 7 juillet 2019

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