Au pied du mur

Que retiendra la Haute-Marne de cette 4e semaine ? Pour votre plumitif laborieux astreint à tenir ici chronique chaque dimanche, cela sera – serai-je même le seul – la révélation de la coupe de France d’escalade à Chaumont. Ça change ! Des sportifs de haut niveau, modestes, intelligents, spectaculaires, qui n’hésitent pas à se mêler au public. Une ambiance géniale grâce à la musique, à la lumière, aux commentaires. Au pied du mur, on en redemande.

Mais cette semaine, on a surtout évoqué la libération par l’Armée Rouge du plus grand camp de concentration et d’extermination nazi. Plus d’un million de morts sur un seul site, cela ne sera jamais un détail.

Le Club Mémoires 52 a produit un travail rigoureux et qui prend aux tripes sur les Haut-Marnais qui sont morts à Auschwitz (JHM du 25 janvier p. 4). Y figure notamment la liste des mineurs déportés et assassinés. Nicole Baer (Chaumont) avait 6 ans ; Claude Baer avait 2 ans ; Marguerite Bloch (Bourbonne) avait 5 ans, comme André Jablonski (Chalvraines) et Jacqueline Klejman (Saint-Dizier) ; Gilbert Makowski avait 3 ans. J’ose à peine mettre “etc.” et des points de suspension. Il s’est donc trouvé ici des Haut-Marnais pour dénoncer d’autres Haut-Marnais. Il s’est aussi trouvé des journalistes, bragards comme votre serviteur, pour s’en réjouir dans la presse locale d’alors. Cela oblige à quelque retenue…

Mais des Haut-Marnais ont fait d’autres choix. Dans la presse aussi, au pied du mur, il s’est aussi trouvé des héros. Ouf ! Et pas que dans la presse. La Haute-Marne a aussi produit des Justes : des anonymes qui ont pris des risques pour sauver des Juifs.

Lionel Fontaine, un ami historien qui fait référence sur cette époque, m’apprend que très vraisemblablement, les Haut-Marnais ayant choisi le camp de l’honneur furent bien plus nombreux que ceux qui crurent pertinent de rappeler épistolairement que leur voisin s’appelait Levy.

Et nous, chacun de nous, aujourd’hui, si l’Histoire bégayait, nous ferions quoi dans le grand tumulte du présent, instruits que nous sommes des vomissures du passé ? Au pied du mur, nous dénoncerions ? Qui ? Pourquoi ?

P.S. A la cérémonie des Oscars sportifs du JHM, vendredi soir à Chaumont, la maman d’Axel Clerget, un enfant de la Haute-Marne qui pourrait bien briller à Tokyo dans quelques mois, a supplié les jeunes présents de continuer à rêver. D’y croire. Il me semble qu’elle a raison….

JHM du 26 janvier 2020

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