Séquence nostalgie

Que retiendra la Haute-Marne de cette 5e semaine ? Pour votre serviteur, les derniers instants du marché couvert de Saint-Dizier (JHM du 1er février p. 6) ont valeur de symbole. Le ventre de la ville anéanti, comme ça… bouffé par la fuite du temps.

Laissez au plumitif laborieux astreint à chronique, l’espace de quelques lignes, l’opportunité de renouer avec l’enfance. C’est un des premiers signes de sénilité.

Ma mère et sa marmaille – à l’époque j’étais provisoirement le plus grand et pour toujours l’aîné – nous emmenait au marché. Aux fins de marché…

Pour toute viande, nous achetions de la tétine. Je ne suis pas certain que cela existe encore. Aujourd’hui, il y aurait maltraitance. Passé midi, les marchands de fruits et légumes cédaient à vil prix des cageots de fruits blets, voire plus abîmés encore, impossibles à présenter sur une table bourgeoise. Mais tellement bons en compotes et confitures. C’était ça, le marché, pour moi : une promesse de frais et goûteux dégoulinant dans la bouche et sur les lèvres. Mais je vous parle d’un temps… vous n’étiez pas née, Madame.

Plus tard, et pour des générations de Bragards, le marché couvert fut le théâtre épique de galas de boxe mémorables. Ce n’était pas QUE de la boxe. C’était l’opportunité, pour le peuple que nous étions, de partager un espace – ce fameux marché –, du temps (quelques heures) et de la fierté, en cas de victoire. Comme au stade, qui était alors “municipal”, et tellement bien nommé.

Perdant son foot, puis son marché, Saint-Dizier n’a-t-elle pas laissé son âme se déliter ? J’attends de voir si la pléthore de listes en présence va accoucher d’une proposition qui favoriserait le retour du foot de bon niveau en Bragardie. Je vais vous dire : enfant, je n’étais infidèle à la pelouse au pied du bâtiment 13 que pour descendre au marché le samedi, et au stade, le dimanche.

JHM du 2 février 2020

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