Toujours moins

Que retiendra la Haute-Marne de cette 32e semaine de l’année ? Un papier trop discret paru le 8 août page 5 a planté un nouveau coin dans l’optimisme béat qui alimente en encre sympathique le fil ténu mais long de ces laborieuses chroniques : NOUS N’AVONS JAMAIS ÉTÉ AUSSI PEU ! Peut-être à l’âge du bronze ? Las, les témoignages crédibles s’avèrent fort rares. Aujourd’hui, nous ne sommes plus, tous réunis, QUE 177 000. Vous n’étiez pas née, Madame, mais nous étions 214 000 en 68, c’est-à-dire hier. Je ne vous parle même pas de la grande époque du XIXe siècle : 268 000 ! C’était après que notre territoire a raté l’opportunité de sa vie : continuer de s’appeler “Département méridional de la Champagne”. Certes, c’était un tantinet longuet. Mais figuraient dans cette appellation deux mots géniaux : méridional et Champagne. Soit, côte à côte, le sud et la boisson la plus réputée du monde. Ce n’est pas en vain que le visionnaire François Jehlé, a baptisé sa chaîne d’établissements “Les Relais Sud de la Champagne”. Il avait tout compris. Mais un peu seul… Donc nous sommes de moins en moins nombreux… sauf en ce moment, où une surpopulation très ponctuelle nous oblige à recourir aux caravanes pour loger tout le monde. Tout est en proportion de ces basses eaux, notamment les moyens en neurones et en euros. Conséquemment, ne voyez pas forcément un hasard géologique si l’argile à moins 500 m sous le plancher des vaches est ici plus étanche aux radiations que celui à moins 500 m sous le plancher des Parisiens. L’imperméabilité en-dessous est inversement proportionnelle à la démographie au-dessus. Le plus fâcheux est notre résignation à hanter la diagonale du vide. Notre acceptation inconsciente de l’inéluctable absence d’humains. Voilà des années que je reçois vos photos pour alimenter la page 2 du Mag. Et que m’adressez-vous systématiquement ? Des fleurs ou des cervidés. Bon j’exagère. Parfois je reçois un coucher de soleil ou une libellule en goguette. Et si on essayait le portrait ? Mais si, vous savez : cette pratique qui consistait jadis à peindre ou photographier des êtres humains ; tant qu’il en reste. La définition de “territoire”, c’est : une surface, des hommes, des projets. Des projets, on en a. La preuve, j’ai lu cette semaine que le pont de Luzy allait rouvrir un 15 octobre. Reste à préciser l’année.

JHM du 12 août 2018

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