La journée de Philou

Que retiendra la Haute-Marne de cette année qui nous fuit déjà sans qu’on cherche visiblement trop à la retenir ? Peut-être le Parc, pour sa moitié sud. La gestation fut longue, parfois douloureuse. Lorsque l’enfant paraît, on se préoccupe désormais plus à son avenir qu’aux contractions douloureuses.

En évoquant le sud du département, on songe Bourgogne et coteaux ensoleillés. Les rivières coulent vers le midi. En creux, le nord de la Haute-Marne, plus industrieux, sérieux, de houille et de fer, offre des horizons qui déjà appellent la Lorraine. L’Atlantique nord attire les flots de la Marne et de la Meuse. Ainsi demeure notre Haute-Marne : riche d’une dualité qui transcende tout le reste.

J’y songeais la veille du 25 en échangeant avec mon excellent collègue Philippe Lagler. Philou, pour les initiés. Un Sudiste. Ce jour-là, Philou venait de signer un très beau papier de Noël : un enfant né sans main droite. Un enfant rieur, qui regardait sereinement et joyeusement l’avenir : une association venait de le doter d’une main artificielle ; beau sujet. Belles photos. La Une promise.

Las, Philou fut aussi appelé sur un accident mortel. C’est particulier, un mortel, pour les pompiers, pour les gendarmes, pour le journaliste. On fait le job, qui sert de bouclier. S’il faut, on cherche un coin sombre pour évacuer. On parle beaucoup ou on s’enferme. On fait le papier : qui-quoi-où-quand-comment-pourq…. Non, pas pourquoi.

Ce jour-là, donc, mon ami Philou a livré deux papiers qui se sont disputé la Une. Un heureux, un dramatique. En quelques heures, en quelques kilomètres, en Haute-Marne.

Ce réel-là, cette dualité là, c’est juste nous. La vie, la mort ; l’avenir qui s’impose ou qui explose. Un télescopage indécent exposé sur quelques centimètres carrés de papier journal.

Il y a fort à parier que chacun de nous a été confronté en 2019 à la séparation définitive d’un proche parent, d’une amie trop jeune, d’un être cher. À cette putain de mort, si consubstantielle à la vie.

Alors, l’année exténuée touchant au but, autorisez seulement, exceptionnellement, le plumitif laborieux astreint à chronique à vous souhaiter à tous, lecteurs ou pas vivant sur ce territoire complexe, moins déshérité qu’on se plait à le dire, pour 2020, une année infiniment plus remplie de regards rieurs d’enfants insouciants que d’autre chose.

BONNE ANNÉE, ça veut dire ça ; et ÇA ira bien.

JHM du 29 décembre 2019

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