Que retiendra la Haute-Marne de cette 22e semaine de l’année ? Peut-être ce que nous révèlent de nous-mêmes les indigestes tableaux des résultats des élections européennes. Un économiste réputé observait voilà quelques semaines dans un savant ouvrage* que plus un territoire est rural, plus il est éloigné des côtes, plus il fait le lit du populisme. Connaissez-vous en France beaucoup de territoires simultanément plus éloignés des côtes et plus ruraux que la Haute-Marne ?
Les plus fidèles d’entre vous, lecteurs aimés, connaissent déjà l’ineffable Doggy ; l’animal frétillait de la truffe, lundi matin devant le score inédit – pour la Haute-Marne – du parti des animaux. Mon cruel molosse, redouté prédateur de croquettes molles (boeuf poulet) en amont des rives du cours haut de la rivière Marne, me gratifia devant le journal d’un grand coup de langue baveuse : il me savait gré du vote record des Haut-Marnais en faveur des animalistes. La cause est respectable. La place du vivant non sapiens dans notre société dubitative relève de la philo de haut vol. Où s’arrête notre prise de conscience ? Aux portes de l’abattoir (en sursis) en Haute-Marne ? Derrière les grilles de la SPA (où jadis Doggy m’adopta) ? Quelles races (même si le mot est à prendre avec des pincettes) entrent en jeu ? Toutes ? Même les puces de Doggy ? Seulement celles qui finissent dans notre assiette ? À propos de bébêtes, la science, cette semaine, nous interpelle sur le tardigrade. Les savants viennent d’en décrypter le patrimoine génétique. Cette petite bête surnommée ourson d’eau résiste à tout : de + 150° jusqu’à -178°. Le tardigrade survit aussi au vide spatial (donc à la démographie déprimée de l’ex-canton d’Auberive) ou aux radiations nucléaires (pas un mot sur Bure, ce serait trop facile !). Demeure une lancinante interrogation sur son ADN : le tardigrade peut-il survivre à une magistrale claque électorale ? Ne devrait-on pas cartographier aussi le génome d’un ou deux sénateurs de ma connaissance ? On appréhenderait ainsi mieux les phénomènes de résilience hors normes.
JHM du 2 juin 2019
* Tout va basculer ! ; François Lenglet ; Albin Michel. 234 pages ; 16,90 euros.