Que retiendra la Haute-Marne de cette 37e semaine ? Sans doute pas la boutade du nouveau commandant de l’École de gendarmerie (JHM du 14 septembre p. 14) à son arrivée en Haute-Marne : « J’ai troqué mes Ray-Ban pour des bottes en caoutchouc ». L’édifiante saillie résumait en dix mots l’inextricable tourment de notre territoire.
Pas seulement parce que le même jour, un soleil radieux caressait de part et d’autre les rives du cours haut de la rivière Marne tandis que des trombes d’eaux cataclysmiques inondaient le sud… Plus sûrement pour nous convaincre enfin que notre département ne souffre pas d’un manque d’attractivité mais de notoriété. J’emprunte la formule à un observateur lettré épris de précision.
L’image d’une Haute-Marne vue comme une île entourée de terres me ravit. Loin de tout ? Vraiment ? L’insularité devient coquetterie de l’esprit lorsque les services de villes comme Troyes, Nancy, Dijon s’offrent à un tour de grande aiguille.
Demain, ailleurs, des hommes feront couler du sang parce qu’ils manqueront d’eau ; ici, naissent les fleuves.
Aujourd’hui, en Asie, des hommes dépensent des millions pour arborer péniblement leurs villes ; ici bourgeonne le Parc national de forêts.
Gérons nos eaux, nos rivières, nos lacs, nos nappes. Préservons nos frondaisons et le vivant qui s’y déploie. L’eau, la forêt : voilà l’or des temps annoncés.
Cette promesse nous oblige. Chasseurs, agriculteurs, promeneurs, gens d’ici, habitants de cet archipel incongru de villages et d’intérêts : concertons-nous ! Pour ne plus insulter l’avenir.
La Haute-Marne est attractive, à qui sait la regarder. Mais savons-nous la regarder ? Nous, ses premiers et parfois pires ambassadeurs ?
Dans un mois, Nicolas Lacroix s’apprête à accueillir une douzaine de familles intéressées par une certaine vision de la Haute-Marne (JHM du 15 septembre p. 2). Ils voudraient s’installer ici… Qu’allons-nous leur dire ? Qu’allons-nous leur montrer ? Qui vont-ils rencontrer ? Surtout ne leur parlons pas d’un territoire rural. C’est faux. Archi faux. Cela nous plombe depuis des décennies. Nous sommes un territoire d’industries qui cartonnent dans l’automobile, le médical, l’aéronautique. Montrez-leur des photos aériennes des Forges de Courcelles, de Ferry Capitain ; ils découvriront forcément une rivière et une forêt.
Plumitif laborieux astreint à fréquenter les entreprises, j’en visite chaque semaine qui innovent, se développent, créent de la richesse, de l’emploi et plus encore de la fierté.
Vous verrez, l’avenir est ici. Répétez-le. Aux Haut-Marnais d’abord.
JHM du 19 septembre 2021