À l’ouest du Rio Marno

Que retiendra la Haute-Marne de cette 22e semaine de l’année ? Que l’avenir du Parc national – et donc un peu le nôtre – sort de la zone floue. De plus en plus de Haut-Marnais comprennent que le éco d’écologie peut rimer richement avec le éco d’économie. Et si cette affaire-là, tant décriée car sans doute mal expliquée, pouvait développer notre territoire ? Que les feuillus poussent et se reproduisent joyeusement, leurs racines moussues arrosées par de gouleyants ruisseaux, peu me chaut*. Mais que le projet et/ou ses touristes engendrent des créations d’entreprises et d’emplois est bien plus réjouissant. Or cette dernière hypothèse… prend racine. Se réjouir d’un projet valorisant en Haute-Marne n’est pas commun. Souvenez-vous : notre territoire a connu de belles courses automobiles. Le Monte-Carlo faisait étape à Langres. Plus tard, dans un autre registre, les 24 heures Solex ont connu de belles heures à Chaumont. Las, les participants se font rares… Mais enfin, on avait nos 24 heures, où ce qui en reste. Maintenant, ne croisez-vous pas de plus en plus souvent au bord de nos routes des panneaux qui annoncent des courses de caisses à savon ? Jean Ragnotti, puis les Solex, puis les caisses à savon. On appellera cela ici pudiquement une évolution et on évitera de la qualifier. Cela n’est rien comparé à ce qui va suivre. Je vous ai déjà présenté ici le cruel Doggy, mon chien aux crocs voraces, extrêmement dangereux pour la seule pâtée bœuf-poulet. Tôt, dès potron-minet, chaque matin, il me promène. Or, l’autre matin, lui et moi approchions d’un arrêt de bus ; quelques Haut-Marnais y patientaient ; tous, absolument tous, le regard rivé à l’écran de leur smartphone. Ils ne regardaient même pas le bitume, devant eux ; encore moins leur voisin. Dans leur dos, vers l’est j’assistais médusé à un lever de soleil fabuleux sur la crête parfaitement dessinée sur fond rouge du Bassigny, de l’autre côté de la vallée de la Marne. Aucun d’eux ne l’avait vu. Ce spectacle-là, au levant enflammé, vous donne de l’énergie pour toute la journée. Mais eux, ils étaient à l’ouest.

* pour les plus jeunes : du verbe défectif chaloir. Dit autrement : on s’en tape.

Chronique parue dans la rubrique “D’une semaine à l’autre” du JHM dimanche 3 juin 2018.

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